Le Grand voyage de Léon Zwingelstein

 

« L'alpinisme compte quelques personnages singuliers, qui semblent égarés par erreur sur notre planète (…) Ce fut le cas, entre tous, de Léon Zwingelstein » (1). Né à Rennes, « Zwing » débarque à Grenoble au sortir de la guerre en 1920 et se prend au jeu de la montagne. Le 31 janvier 1933, il écrit dans son carnet de route : « Je viens d'achever mes préparatifs ! Demain je vais me lancer dans la grande aventure, entreprendre ce long raid à ski auquel je songe depuis une dizaine de mois : le parcours entier des Alpes de Nice au Tyrol (…) Je dois entreprendre seul ce long raid (…) Quoiqu'il arrive je veux atteindre le but fixé : je réussirai ». Il quitte Grenoble le 1er février 1933 et rentrera 90 jours plus tard, après une traversée complète de l'arc alpin : Col du Lautaret - Nice (pour l'entraînement), puis Nice &endash; Chamonix &endash; Zermatt - St Moritz &endash; Davos - Brigue, pour ne citer que les grandes étapes. Au total, 2000 km, 55 cols et une cinquantaine de glaciers. Il n'est accompagné que sur les portions Chamonix - Zermatt et pour la traversée de l'Oberland, au retour.

« Le simple énoncé de cet itinéraire est étonnant et rend tous commentaires inutiles », lit-on dans La Montagne la même année. Quant à l'intéressé, il conclut : « J'aurais pu faire du bruit, de la publicité autour de mon voyage (…) J'ai préféré passer inaperçu. ». Un an plus tard, « Zwing » l'amoureux de l'Oisans se tue avec un ami au pic de l'Olan. Jacques Dieterlen lui a consacré un livre, Le chemineau de la montagne.

(1) Sylvain Jouty, « Une patrie, les montagnes et l'hiver », Le Chemineau de la montagne